Dessiner pour refuser la déshumanisation - Jeannette l'Herminier

Par GAEL SAINT GEORGES, publié le mardi 21 novembre 2023 08:52 - Mis à jour le mardi 21 novembre 2023 08:52

Jeannette l'Herminier, née en 1907, ancienne étudiante en histoire des arts, entre en résistance dans la région de Lyon (le réseau Jean-Marie), pour lequel elle effectue des sabotages et cache des aviateurs alliés. Elle est arrêtée à Paris en septembre 1943 par la Gestapo. Passée par la prison de Fresnes puis le camp de Compiègne, elle est déportée au camp de Ravensbruck en janvier 1944. Elle y travaille dans un kommando de fabrication de boîte de munitions.

Jeannette résiste à sa manière en dessinant près de 150 croquis et portraits de ses camarades ; elle trouve par hasard un petit crayon qu'elle dissimule dans le pli de sa robe. Elle esquisse alors les silhouettes de ces compagnes. Pour échapper à l'horreur du camps, elle embellit ses camarades pour les montrer telles qu'elles auraient dû être. C'est une autre déportée, Elisabeth Barbier, à qui elle avait confié ses dessins, qui les fait sortir du camp à la libération.

"Alors mes camarades se sont liguées entre elles et de bouche à oreille, on a su que j'avais un crayon et que je pouvais peut-être dessiner. Elles ont pensé également que cela pouvait être des témoignages intéressants et tout le monde m'a donné du papier..."

Jeannette l'Herminier résiste de plusieurs manière à la déportation ; elle refuse la situation qu'on lui impose car elle se procure malgré tout du matériel de dessin pourtant interdit ; ce qui incite ensuite ses camarades à lui fournir du papier et à alors aussi résister. Les dessins de ses camarades sont aussi une résistance ; en les représentant belles et moins affectées physiquement qu'elles ne peuvent l'être elle refuse l'avilissement imposé par le camp et donne de l'énergie à ses compagnes d'infortune. Conserver les nombreux dessins sans se faire prendre est aussi une résistance remarquable.